Le mercredi 13 décembre 2017 s’est tenue à La Fabrique, à Rennes, dans les locaux de Digitaleo, une conférence de Philippe SILBERZAHN, auteur de l’effectuation et spécialiste de la gestion de la certitude, organisée par Le Shift. En une heure, nous sommes revenus sur les grands principes de l’effectuation, terme très utilisé par les startupers.
L’effectuation est un ensemble de principes pour les entrepreneurs pour créer de la valeur et / ou son « futur désirable ». Dans une logique d’effectuation, il est recommandé d’agir pour savoir et non pas savoir pour agir.
Pour débuter son intervention sur la gestion de l’incertitude, P. SILBERZAHN a repris une longue série de surprises que nous avons tous récemment vécues : le déclin de Nokia, l’élection de Donald Trump… alors que les techniques de prévision sont de plus en plus sophistiquées et les outils d’aide à la décision de plus en plus élaborés.
Actuellement, nous nous appuyons sur les données pour faire des projections et prendre ainsi des décisions. Le problème vient alors du fait que toute chose n’est pas égale par ailleurs et que donc les projections ne se vérifient pas. Ceci nous renvoie alors aux propos de Frédéric FRERY et notre post du 27 octobre 2017.
Les prévisions ne se vérifient pas et les raisons sont multiples : la complexité de l’environnement, la non réalité, les effets brutaux, les effets apprenants, les effets d’entrainement (une difficulté engendre un comportement qui accentue la difficulté : les pénuries, les embouteillages…)…
Dans ce contexte, nous pouvons rappeler qu’une innovation est ce qui n’est pas encore normal mai qui va devenir un standard. On ne peut pas prédire une innovation et son impact.
Le big data augmente le risque puisque nous pensons à tort que le machine learning est la solution, or ce qui est mesurable n’est pas important et ce qui est important n’est pas forcément mesurable.
Un autre phénomène augmente également le risque, l’aveuglement. En effet, nous côtoyons tous des manières de penser proches de la nôtre, nous sommes alors facilement surpris devant des comportements différents. Pour éviter cela, il faut se confronter à la diversité, aux autres façons de penser… Nous devons constater d’autres logiques et ne pas être surpris. Nos prédictions sont toujours influencées pas nos façons de penser. Il faut conserver un esprit critique : qui a fait cette prédiction (étude, sondage, prévision…)? pourquoi? pour qui? C’est en agissant que je vais connaître le monde. L’action est source de nouveautés. Nos approches cartésiennes nous poussent à penser puis à agir. Une approche d’effectuation recommande de penser en agissant.
L’effectuation n’est pas une méthode mais un ensemble de principes, une posture. L’effectuation ne s’oppose pas alors complètement aux techniques qui s’appuient sur des outils, des planifications… Nous pouvons rester planificateurs sur certains pans et opportunistes sur d’autres. Cela varie également en fonction du tempérament de chacun. L’effectuation est surtout une question d’individus prêts à réaliser des choses avec ce dont ils disposent déjà, au sein d’une petite entreprise ou d’un grand groupe.
L’effectuation remet en cause le recours à la levée de fonds ou pour le moins la levée de fonds prématurée. L’effectuation pousse à réfléchir en profondeur aux réels besoins. L’entrepreneur a besoin de matériels, de compétences, d’aides… pas vraiment d’argent finalement. L’innovation réside souvent dans le fait de convaincre quelqu’un à nous aider.
La notion de perte acceptable a également été abordée. Un entrepreneur ou une entreprise dans une stratégie d’innovation doit définir un budget temps et argent prêt à être dépensé sans justification : « budget incertitude ».
L’effectuation n’est pas une garantie de richesse mais une garantie de prendre du plaisir en assumant ce que l’on fait déjà au quotidien.