L’état de l’art dans les règles de l’art

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Si vous demandez du Crédit Impôt Recherche, on a souvent dû vous bassiner avec ça. “Avez-vous fait votre état de l’art ?”. Et si on tentait de vous réconcilier avec ? 

La définition

Commençons par le commencement. Le BOFIP, ou la bible pour les fiscalistes, parle “d’état des techniques existantes” mais on entend souvent d’autres termes. “Etat des connaissances”, “revue de littérature”, voire même “state of the art” pour les bilingues.

Mais de quoi s’agit-il ? Là encore, le BOFIP vient éclairer le contribuable :

Bien, à partir de là, vous pouvez passer approximativement 7 352 heures à fouiller sur internet pour rédiger un rapport de 157 pages. Au passage, vous aurez aussi déboursé plusieurs centaines d’euros pour pouvoir lire des papiers scientifiques qui se rapprochent finalement assez vaguement de votre sujet par rapport à ce que le titre laissait entendre. 

Est-ce que c’est ce que l’administration fiscale exige de vous ? Non, heureusement.

Alors que faut-il faire ? Je vous explique.

L'état de l'art pour le CIR

L’état de l’art est un passage bien connu pour toute personne ayant suivi un cursus scientifique. Le doctorant passe de longs mois à rédiger celui de sa thèse. Et c’est d’ailleurs la première tâche qui lui incombe. Pour le CIR, il ne faut pas y passer autant de temps mais il faut le faire au début des travaux, c’est mieux.

Pourquoi commencer par l'état de l'art ?

Même si vous avez l’impression que c’est une tâche chronophage voire sans intérêt, faire l’état de l’art au début de vos travaux sera bénéfique pour plusieurs raisons.

Vous situez exactement vos travaux

En épluchant la littérature dans votre domaine, vous apprenez à connaître ses acteurs et ses experts. Vous situez aussi vos concurrents et vous pouvez concentrer votre veille sur leurs travaux. 

Vous gagnez du temps

Parfois, un verrou vous bloque. Figurez-vous qu’il a peut-être déjà été rencontré par quelqu’un d’autre. En regardant les solutions que cette personne a déjà testées, vous gagnerez beaucoup de temps car vous n’aurez pas besoin de le faire. Dans le cas le plus extrême, la solution a déjà été trouvée et un brevet a été déposé sur le sujet. Autant le savoir le plus tôt possible…

Vous économisez de l'argent

Quand vient le moment de rédiger votre dossier de justification du CIR, vous vous trouvez fort dépourvu. Au lieu de bâcler cette étape, il vaut mieux partir à point. Réalisé à posteriori, vous ne bénéficierez pas de tout ce qu’apporte un état de l’art. Pire encore, vous pourriez vous rendre compte qu’une partie de vos travaux est inéligible au CIR. C’est comme si vous souhaitiez déposer un brevet, que vous aviez dépensé des milliers d’euros dans un cabinet de PI pour que finalement, l’étude d’antériorité fasse surgir un brevet dont la revendication principale est en tous points identiques à la vôtre.

Comment commencer ?

Utilisez un outil de gestion bibliographique

Vous pourriez enregistrer dans un dossier les PDF des articles scientifiques que vous trouvez pertinents. Mais cela n’est pas pratique, car quand vous les citerez, vous devrez les rouvrir un à un pour copier le titre, le nom du journal et les auteurs… 

Il en existe plusieurs mais je vous présente celui que j’utilise personnellement. Zotero. C’est un logiciel gratuit, très facile à prendre en main, qui possède des plugins qui se greffent directement dans votre éditeur de texte et sur votre navigateur web. En quelques clics, le brevet, la thèse ou l’article scientifique qui a retenu votre attention est sauvegardé.

Trouvez des sources pertinentes

A partir de mots clés propres à vos travaux, essayez de trouver un manuscrit de thèse (très souvent en accès libre) ou des revues de la littérature qui s’approchent de votre domaine d’expertise. Ces documents contiennent à eux seuls des dizaines voire des centaines de références qui pourront vous aiguiller à votre tour sur des sources pertinentes. Un gain de temps considérable. Pour les trouver, utilisez des moteurs de recherches propres aux communications scientifiques comme ScienceDirect, Google Scholar ou EM-Consult (pour ne citer qu’eux). De même, pour les banques de brevet, visez Patentscope.

Evitez les sources qui datent du début du siècle dernier et concentrez vous sur les articles les plus récents.

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Attention au plagiat

Ne reprenez pas mot pour mot un état de l’art déjà fait par quelqu’un d’autre. Vous devez mener votre propre réflexion et toujours citer les sources. Rappelons quand même que le plagiat est un délit passible d’une très lourde sanction (cf. Code de la Propriété Intellectuelle).

Maintenant que tout est prêt, comment on procède ?

Un état de l’art, c’est comme un entonnoir. On part du plus général pour arriver au plus précis. Pour avoir une meilleure idée que ce à quoi cela doit ressembler, trouvez une thèse. Elle commence toujours (à de rares exceptions) par un état de l’art. Vous aurez là un bon exemple de la méthodologie à suivre.

Vous n’avez pas besoin d’écrire plus de 5 pages. Allez à l’essentiel. Ne vous perdez pas dans la reconstruction de modèles électromagnétiques en reprenant les équations de Maxwell. Et soyez critiques envers les travaux réalisés par vos pairs. Vous devez démontrer les limites de l’état de l’art : là où vous allez apporter votre pierre à l’édifice.

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Et si vous ne vous sentez pas à l'aise

N’hésitez pas à nous solliciter pour vous assister dans cet exercice. Nous pouvons vous former ou prendre la main sur votre état de l’art. 

Alors, on s’y met dare-dare ?

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